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La Malle du Jacobin/Politique

Je vais beaucoup évoquer le passé (et mon passé), par nostalgie certes. Mais pas seulement. L'analyse du réel, l'action politique sont et seront toujours d'actualité.

Je pense que les sites ci-dessous, estampillés Claude, vous serons utiles pour alimenter votre réflexion.

Je ne suis pas, comme Obélix, tombé dans le chaudron du druide, mais dans celui de la politique !

Dans les années 1960 et 1970, la plupart des membres de ma famille maternelle étaient proches du Parti communiste français. Ils étaient "encartés" ou non, et représentaient différentes façons d'exprimer cette sensibilité politique.

Je suis donc "né communiste". Et il y a fort à parier que je mourrai dans ce même état. 

Je suis également patriote, certains pourraient me qualifier de partisan d'un nationalisme ouvert.

Je ne ferais pas ici de propagande au sens propre. Je n'excommunierais personne. Je ne disquaifierais aucune grille de lecture. Je suis essentiellement là pour apporter mon témoignage et mettre des documents à votre disposition.

Servez-vous !


Commune de paris 1871

 

 

Documents politiques

 

 

 

 

 


 

Illustration souvenirs militants 8 pif gadget 1973

 

 

Itinéraire d'un communiste ordinaire

DOCUMENTS POLITIQUES EN LIGNE

1/ Nommage des fichier et Abréviations utilisées ----> ICI

 

2/ "Mode d'emploi" pour effectuer des recherches

(sur une année ou pour une structure) ----> PAR ICI

 


Gilets jaunes 2019

 

 

 

 

 

TRACTS

 

 

 


Commune de paris 1871

 

 

CARTES POSTALES

 

 

 

 

 


Fete de l humanite

 

 

 

 

FETE DE L'HUMANITE

 

 

 

 

 

 


Industrie en region parisienne

 

 

 

AUTOCOLLANT & PAPILLONS

 

VICTOIRE DES MULTINATIONALES SUR

LES STRUCTURES "TRADITIONNELLES"

Depuis les révolutions industrielle et politique des 18e et 19e siècles, l’individu était encadré et/ou formé par diverses structures qui l’empêchaient, avec plus ou moins de succès, d’être considéré uniquement sous l’angle économique.

La situation a considérablement changée depuis quelques décennies et ce changement a connu une accélération ces dernières années. La concentration du capital s’est accélérée, les grandes sociétés transnationales en ont été les principaux artisans et les principaux bénéficiaires.

Les compagnies transnationales (GAFAM, grands laboratoires pharmaceutiques, industries du divertissement et de la mode, etc.) ont dans une large mesure des politiques compatibles avec l’idéologie « libérale libertaire » en s’appuyant sur la technostructure et en investissant le champ informationnel et communicationnel.

Ces superstructures privées ont accru considérablement leur emprise sur l’individu (en le faisant adhérer, consciemment ou non, à tout ou partie, à leur idéologie). Pour parvenir à ce résultat, elles ont méthodiquement affaibli, subverti, perverti ou tout simplement fait disparaitre les structures traditionnelles qui les gênaient ou les limitaient. Ces dernières (famille, commune, Nation, Eglise, parti politique, entreprise familiale, etc.) entravaient l’ascension des « grandes corporations » en permettant notamment à l’individu d’équilibrer, autant que faire se peut, identité et liberté.

Nanterre, le 11 juillet 2020

Victoire multinationales

 

 

 

 

 

 

ITINERAIRE D'UN COMMUNISTE ORDINAIRE

 

I. GENESE

II. LA MATRICE FAMILIALE

A/ APPROCHE GLOBALE

B/ DU CÔTE DU GRAND-PERE

III. UNE JEUNESSE SURESNOISE

A/ LA CITE

B/ L’ECOLE

C/ D’HENRI WALLON A JACQUES DECOUR

D/ LE LYCEE

IV. VERS L’ADHESION

V. ADHERENT A SURESNES

VI. MILITANT A NANTERRE

VII. POUR NE PAS CONCLURE

I. GENESE

C’est sous une forme idéaliste que j’ai accompagné ou rejoint le PCF, formation politique issue du matérialisme dialectique !

J’ai fait et je fais (modestement) de la politique comme j’ai écrit de la poésie. J’ai souvent laissé faire l’intuition et obéi à l’inspiration.

Pour moi, le Parti a toujours été un (le ?) monde, une famille. Mon attachement à cet idéal, avec ou sans carte, est, jusqu’à présent, indéfectible : on ne quitte ce monde que pour l’Autre monde et on ne peut pas renier facilement sa famille !

 

II LA MATRICE FAMILIALE

A/ APPROCHE GLOBALE

Ma famille, au sens parenté, est depuis longtemps engagée dans le mouvement ouvrier et/ou révolutionnaire. Je n’ai bien sûr pas tous connu ses membres mais certains ont laissé leur empreinte et des souvenirs plus ou moins nombreux. Je vous présente brièvement les personnages les plus marquants.

  1. un de mes bisaïeuls, Jules VIAUVY, « métallo » né dans l’Indre, vivant dans la banlieue sud puis nord de Paris, fut membre d’un syndicat anarcho-syndicaliste. J’y reviendrai un plus loin.

  1. un autre arrière-grand-père, Yvon LESAGE, Illustration souvenirs militants 1 yvon lesagea eu une existence intéressante et mériterait un développement particulier, cependant, s’il a eu une influence certaine sur ma famille, je ne l’ai pas connu et il n’a pas de rapport direct avec moi. A la fin du XIXe siècle, il quitte sa Mayenne natale pour apprendre le métier de menuisier, il commence son tour de France avec les compagnons du Devoir. Avant d’avoir fini son tour, il s’installe dans un village de la Vienne pour y fonder une famille. Il exerce différentes activités, essentiellement dans le petit commerce, avant d’avant de pouvoir s’établir comme artisan menuisier. Dans cette petite Illustration souvenirs militants 2 yvon lesagerégion, il est à l’origine de plusieurs associations, notamment de sociétés de secours mutuels. Son engagement au service de ses concitoyens ne se limite pas au monde associatif : il joue de l’accordéon dans les bals, il s’occupe du feu d’artifice des 14-Juillet, etc. Vous vous doutez bien que ces actions ne sont motivées par l’intérêt personnel, toute sa vie il mène une vie fort modeste. A la Libération, Il est un moment membre de la SFIO. En 1957, le ministre Albert Gazier lui décernera la Croix du Chevalier du Mérite social.

  1. mon grand-père, Joseph COSSARD, fut communiste, peut-être même adhérent du Parti. Je n’en dirai pas plus car je ne l’ai pas connu.

  1. En revanche, j’ai bien connu mon grand-père maternel, André VIAUVY, qui habitait également dans la banlieue parisienne. Il avait été ouvrier qualifié, membre de la CGT puis du PCF.

Illustration souvenirs militants 5 andree viauvy 2

Mes parents ont été « encartés », plus ou moins longtemps, au PCF.

Ma mère, Andrée VIAUVY, née en 1934, a eu un long engagement politique et syndical dans la « famille » communiste, à l’UJFF, au PCF, au PRCF, au SNI Unité et Action, etc.). Des années 1950 à aujourd’hui elle a toujours fidèle à ses convictions. (cf.  le Maitron)

Mes oncles, mes tantes et mes grands-parents du côté maternel qui habitaient dans le quartier de1 l’avenue Félix-Faure et dans celui de l’avenue Joliot-Curie à Nanterre dans les années 1960 et 1970 étaient tous électeurs communistes et/ou lecteurs de L’Humanité et/ou membres du PCF. Je les voyais souvent. Leur pratique politique, plus ou moins explicite et consciente en fonction des personnes et de l’époque, s’exerçait principalement au sein de leur famille, avec leurs amis et le voisinage. Un de mes oncles, qui vivait en France dans la clandestinité, s'appelait Tonio DATO mais en réalité son nom était Matéo Blazquez-Rodriguez. A la fin de la guerre d'Espagne, il rejoint la France où il participera activement à la Résistance. Après la guerre, il travailllera pour le Parti communiste espagnol (cf. Sud-Ouest ou le Musée de la Résistance).

A l’exception de deux personnes qui étaient permanents ou employés dans les structures contrôlées par le Parti, d’André VIAUVY (délégué du personnel jusqu’en 1959) et de ma mère, les autres membres de ma (petite) famille ne couraient pas de réunions en manifestations mais ils avaient intégré quelques principes de base, centrés sur la défense de l’ouvrier, du monde du travail, que j’ai admis et « digéré » sans réfléchir (j’étais enfant puis adolescent). Ces quelques règles de base, incluant par exemple le refus des « comportements bourgeois » ou une méfiance plus ou moins marquée vis à vis de l’Eglise, me semblaient alors aussi évidentes que le lever du soleil ou la venue du printemps !

Le personnage central, à mes yeux, de cette famille, aujourd’hui éparpillée aux quatre coins du pays, était mon grand-père.

B/ DU CÔTE DU GRAND-PERE Illustration souvenirs militants 3 jules viauvy

Le père de celui-ci, Jules VIAUVY, est originaire d’Yzeures-sur-Creuse (Indre-et-Loire), près Illustration souvenirs militants 4 jules viauvydu Nord de la Vienne. Il rencontra, à l’extrême fin du XIXe siècle, le syndicalisme, peut-être à Châtellerault, ou peut-être plus tard à l’imprimerie Delisle à Tours. Quoi qu’il en soit, son appartenance à un syndicat anarcho-syndicaliste est attestée lors de son passage à l’usine Hotchkiss de Saint-Denis. Après s’être marié à Tours en 1897, il habite à Ivry-sur-Seine vers 1900, il y cultive de la vigne. Il déménage à Paris, à Saint-Denis puis il se fixe à Suresnes en 1905.

C’est un ouvrier qui travaille essentiellement dans le secteur automobile ou dans les usines d’aviation (Richard Brasier, Hotchkiss, Fouga, etc.)

Mon grand-père recevra de ce dernier une éducation stricte, centrée sur le respect du travail, confinant parfois à l’expression d’une « morale ouvrière ». En attendant la « Sociale », il deviendra, après son père, lecteur de la Bataille syndicaliste.

Il ne viendra pas rapidement au Parti, « trop sectaire » (sic) à son goût pendant l’Entre-deux-guerres. Il adhérera à la CGT en 1936, puis au PCF en 1945. Il leur sera fidèle jusqu’à sa mort en 1987.

Dans les 1920 et 1930 il fut un sportif amateur assidu, il pratiqua notamment le rugby et l’athlétisme. Plus âgé, il entraîna les jeunes adeptes du ballon ovale.

Durant quelques années, je le voyais presqu’une fois par semaine. A travers sa personne, pour employer une terminologie chrétienne, le « Verbe se faisait chair ». Concrètement, il incarnait à sa manière le Parti et l’histoire dont il était le fruit. Par exemple, il m’a appris l’existence de MERRHEIM, il m’a rapporté l’histoire de son voisin, Monsieur P. qui avait été sauvé par des religieuses lors des combats de la Commune de Paris…

Il était loin de l’image qui est véhiculée aujourd’hui, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du Parti, du militant de base2 de ce temps-là ; l’image d’un petit soldat sacrifiant femme et enfants sur l’autel de la Cause, suivant dans la minute la moindre inflexion de la ligne fixée par le Centre ! Bien au contraire, les différentes analyses, les différentes expériences politiques ne s’excluaient pas, elles s’accumulaient, se combinaient entre elles. Quelques illustrations. Il m’a répété à plusieurs reprises que «  la première cellule, c’est la famille ». Au milieu des années 1980, il se demandait encore pourquoi certains en voulait tant au camarade Staline. En mai 1981, nous avons regardé tous les deux avec humour et amertume le spectacle « mitterandesque » au Panthéon.

 

 

III UNE JEUNESSE SURESNOISE

A/ LA CITE

Je suis né à SuIllustration souvenirs militants 7 claude cossard fecherayresnes en 1963. J’ai vécu 25 ans dans une petite cité de cinquante logements appartenant à l’Office municipal d’HLM de cette ville. Dans les années 1960-1970, la cité résonnait des cris des enfants, la rue ne servait pas encore de « parc de stationnement annexe » pour l’hôpital Foch. De fait, les habitants se connaissaient mieux qu’aujourd’hui.Illustration souvenirs militants 8 pif gadget 1973

Jusqu’au milieu des années 1970, il y avait entre cinq et six lecteurs de L’Humanité dimanche et... un de Pif-gadget, moi. Des camarades dévoués venaient chaque dimanche nous apporter ces publications. Parmi ces derniers, il y avait un Italien, Vicenzo., un ouvrier de la ville de Nanterre, un camarade dont je ne me souviens pas du nom, et une comptable, Marie.

1. Pour des raisons familiales je n’ai pas beaucoup connu la famille de mon père.

2. Il a été délégué du personnel à l’usine d’aviation Morane-Saulnier à Puteaux.

3. Les prénoms des camarades sont changés.

B/ L’ECOLE

Illustration souvenirs militants 6 claude cossard ecole jules ferry courJ’ai fréquenté l’école élémentaire Jules-Ferry située dans le quartier du Bas de Suresnes. Dans le réfectoire, sur un mur, étaient fixés des objets en métal et en bois fabriqués autour de 1960 par des élèves de classes de fin d’étude. Devant les fenêtres, les bustes de quelques grands hommes de la République veillaient sur nous [information à vérifier].

Un professeur de chant venait nous apprendre quelques airs. Nous avons été sûrement parmi les derniers à avoir appris des chants patriotiques dont le Chant du Départ. Les cours d’Histoire respectaient encore la chronologie des faits de l’épopée nationale. Toutefois, 1968 était quand même passé par là. Le rapport entre certains instituteurs et les élèves de modifiait. Différentes méthodes d’apprentissage de la lecture se côtoyaient, les sorties devenaient plus fréquentes. On nous fit aussi écrire des poèmes ou jouer une scène extraite d’une pièce de théâtre.

B/ D’HENRI WALLON A JACQUES DECOUR

Au début des années 1970, j’assistais aux réunions de la cellule Henri Wallon qui regroupait les enseignants exerçant à Suresnes. C’est une figure attachante, Marcel, professeur au CNEFEI (situé à côté de l’école du Plein Air) qui animait –le mot est faible !- les débats où s’exprimaient des avis divergents. Les sujets de discussion choisis étaient parfois dérangeants et souvent d’un haut niveau intellectuel (exemples : les rapports entre la science, l’art et l’Etat en Union soviétique).

A cette époque, en dehors des initiatives liées aux élections ou à des évènements imprévus, l’année était rythmée par des activités fédératrices qui correspondaient alors au mode de vie de la majorité des sympathisants et des militants du Parti : assemblées populaires, vente du muguet, diffusion de la vignette, fête de L’Eveil, fête de l’Humanité, ventes de masse, etc.

Enfant, j’ai « travaillé » dans le stand de Suresnes de la fête de L’Humanité. Toutefois, c’est à la fin des années 1970 que j’ai vraiment commencé à militer, sans carte, au sein de la cellule Jacques Decour, couvrant une partie du Plateau-Nord de Suresnes.

Contrairement à ce qui a été trop souvent affirmé, les forces militantes et les sympathisants, dans ce quartier, se trouvaient non seulement dans les cités HLM, mais aussi dans les zones pavillonnaires. Par exemple, les lecteurs servis par le CDH étaient également répartis entre ces deux types d’habitat. Le Plateau-Nord était découpé en deux cellules, Jacques Decour et Jean Rieu. Cette dernière avait une activité satisfaisante. Son territoire incluait la cité des Chênes (nombreux logements) et elle était aidée par deux responsables qui y habitaient. Celle dont je faisais partie avait du mal à fonctionner ; sur son espace se trouvaient trois cités d’HLM (Fécheray, Jacques-Decour et Très-Bourgeois) éloignées les unes des autres, de surcroît elle n’avait plus de responsables capables d’entraîner les autres camarades. Devant cet état des choses, avec (ou à la suite) d’autres camarades de cette cellule, nous avons proposé que ces deux cellules fusionnent. Il nous a été répondu que le découpage existant incitait chaque cellule à puiser dans ses propres forces. En fait, la cellule est restée chancelante, les initiatives partaient de celle menée par les J.

Et maintenant, il n’y a plus guère de cellules, ici comme ailleurs...

C/ LE LYCEE

Au cours de mon passage au lycée Paul-Langevin à Suresnes, j’ai connu deux membres de la Jeunesse communiste qui, par leur attitude, ne m’ont pas incité à rejoindre leur organisation. Le premier, fils d’apparatchik dont je tairais le nom, était très fier de lui, il cherchait le plus souvent à imposer la « ligne » (ou ce qui était supposé en tenir lieu) et non à convaincre ou à susciter de la sympathie. Ce type d’attitude persiste aujourd’hui dans le Parti –même si la ligne a quelque peu changé–, j’avoue que j’ai eu aussi ce comportement. Ce camarade n’a pas eu son baccalauréat mais on lui a trouvé rapidement une bonne situation...

Le second camarade était un personnage attachant, mais il avait un comportement brouillon voire anarchisant, il ne « se cassait pas la tête » et fumait des joints toute la journée.

Cette fine équipe et moi avons eu bien du mal à expliquer (à justifier ?) la reprise en main de la Pologne en 1981 aux autres élèves du lycée.

Cela paraîtra surprenant, mais c’est seulement à cette époque que j’ai vraiment ressenti le rejet profond du « socialisme réel » (du bloc de l’Est notamment) par une grande majorité de la population. Plus grave, les communistes français étaient associés à ce quasi-opprobre. Il est vrai que pour ce qui me concerne et pour la plupart de mes proches, en dépit des différences d’appréciation et des déclarations à usage extérieur, les « pays de l’Est », l’URSS et ses alliés progressistes constituaient une base arrière, un socle. Pour beaucoup d’entre nous, le système de répression en vigueur dans ces Etats tirait sa légitimité de son combat contre le soi-disant « Monde libre » (notamment, pour ce qui concerne l’URSS, de sa victoire sur le nazisme), et de la défense des acquis sociaux et politiques obtenus en Union soviétique et dans les « pays frères ». Cependant, il est évident qu’à l’époque, je n’aurais pas soutenu ce système oppressif s’il avait été mis en place en France.

En tout état de cause, je n’ai pas encore accepté la défaite du bloc de l’Est.

D/ VERS L’ADHESION

Durant la période 1979-1984, je militais sans carte. J’étais responsable du CDH de la cellule, je vendais le muguet, je participais au montage et à la tenue du stand de la section de Suresnes à la fête de L’Humanité, etc. J’ai même été de garde au siège du comité central sans être membre du Parti.

Le 19 mars 1984, j’étais embauché à la mairie de Nanterre en tant qu’employé aux écritures. Dans le même temps, par conviction et/ou par peur de l’inconnu, je ne me suis pas rendu à la deuxième partie du concours de rédacteur informatique [à la préfecture].

Le 13 avril 1984, lors de la manifestation des sidérurgistes, Albert (à mes yeux excellents secrétaire général du syndicat) me remit ma carte de la CGT.

En 1984, commentant les élections européennes, j’indique que dans les cités jardins de Suresnes, quartier populaire, traditionnellement favorable à la gauche et au PCF, la liste emmenée par Le Pen recueille aussi les voix des mécontentements. Ce constat est diversement apprécié…

E/ ADHERENT A SURESNES

Enfin, rompant avec une indépendance devenue fictive, le 24 septembre 1984, je demande à Maurice ma carte du Parti. Pour répondre à la demande insistante de Maurice j’acceptais de figurer sur la liste des camarades proposés pour faire partie du comité de section de Suresnes. En janvier 1985, je deviens membre du comité et du bureau de section.

Pour enrayer la chute du nombre de lecteurs de L’Eveil dans notre ville et pour fournir des informations susceptibles d’alimenter l’hebdomadaire, en 1985, est créé un collectif Eveil qui, bien que réduit rapidement à trois personnes (moi, Eugène et Césarine), a fait œuvre utile pendant quelques années. J’ignore comment L’Eveil se comportait avec ses autres correspondants, mais, pour ce qui me concerne, j’avais beaucoup de mal à faire « passer » mes articles. Plusieurs fois, au cours des années 1980, c’est Maurice qui a dû jouer de son influence pour que mes textes paraissent enfin. Au cours de la décennie suivante, j’ai senti qu’il y avait des références et des mots qui devenaient tabous (« URSS », « socialisme », « monde du travail », « national », etc.) et qui servait de base au “ choix ” et à la réécriture éventuelle de mes textes. Ma dernière contribution à L’Eveil a été enterrée par A. L. Il s’agissait d’un texte alternatif à celui de la camarade Tulipe concernant le droit de vote des étrangers. Il n’est pas paru, même accompagné d’un article expliquant pourquoi j’avais tort !

Pendant une petite dizaine d’années, j’ai été chargé de préparer les listes des camarades participant au déroulement des scrutins électoraux et référendaires.

IV MILITANT A NANTERRE

En mars 1983, la droite conduite par le « néo-gaulliste », Christian Dupuy, s’empare de la mairie de Suresnes. La désindustrialisation (alors appelée « décentralisation ») de ce berceau de l’Automobile, la politique d’austérité mise en œuvre par l’usure du pouvoir –frappant essentiellement le maire, Robert PONTILLON, la suffisance de ce dernier, une campagne dynamique de la droite n’ont pas été pour rien dans la défaite de l’équipe municipale sortante.

Sans renier ma fidélité à Maurice, j’aide de temps en temps les camarades de Nanterre.

En 1989, je quitte Suresnes pour venir habiter un logement de la cité Zilina dans le quartier du Chemin-de-l’Ile. Je ne rejoins pas la cellule des Trois-Fontanot qui aurait dû être la mienne, mais celle d’à côté, Louise-Michel, car elle accueillait déjà B. V., ancien Suresnois comme moi.

Au cours des années 1980, un nombre significatif de militants actifs de Suresnes ont « émigré » à Nanterre, il y a par exemple, en dehors de moi, Georges, Justine, Germaine et son mari, Henri  et sa femme, etc.

La section de Suresnes, où j’étais connu depuis mon plus jeune âge, était une « PME » dirigée par les militants de l’Aéronautique (SNECMA, Aérospatiale, etc.). Sa taille, sa composition sociale et sa « culture » particulière faisait qu’on passait facilement sur mes manies, sur mon analyse (ou sur mon manque d’analyse !) politique qui frisait –et qui frise encore- l’irresponsabilité. J’ai du mal à comprendre et à accepter que, même si le but est primordial, il est impossible d’ignorer les jeux et les enjeux de pouvoir.

En revanche, la section de Nanterre ressemblait à une « usine » où je ne me suis jamais intégré. C’est pour cette raison que j’ai privilégié Suresnes jusqu’à la fin des années 1980 et que je me suis « réfugié » dans ma cellule (cet éloignement volontaire correspondait aussi à un éloignement politique progressif).

Dans la cellule, mon rôle a été celui de « secrétaire du secrétaire » jusqu’au départ de Georges. Officiellement, j’ai été le responsable du CDH (ou certaines années, simple diffuseur). En 1990, il y avait une vingtaine de lecteurs de L’Humanité dimanche ou de L’Eveil nécessitant l’existence de deux tournées simultanées. Lorsque j’ai été contrait d’arrêter du fait de la disparition de notre hebdomadaire local, il n’y avait plus que quatre lecteurs.

Je pensais, en accord avec Georges, qu’une de nos fonctions était d’aider les personnes et notamment les adhérents à se former, à se connaître. Pour mettre en œuvre, à notre petite échelle, ce principe, nous avons favorisé l’élection pendant quelques années d’un responsable du CDH qui n’était pas loin d’être illettré ! Nous lui donnions un coup de main lorsque cela était indispensable, je lui ai prêté mon ordinateur (un TO7). Ce n’était pas grand-chose, mais j’étais quand même satisfait.

J’ai réalisé une demi-douzaine de journaux de cellule titrés Le Chemin du Progrès. Entre ? ? ? ? ? et ? ? ? ? ?, je les réalisais entièrement. A cette époque, avant de les diffuser je les faisais souvent relire par Clément. Une fois ou deux, il tiqua devant le ton assez à gauche et on dirait aujourd’hui « souverainiste ». Ces fois-là, il a voulu savoir si les journaux étaient tirés pour me demander de les recadrer. Le matériel étant déjà sorti, il n ‘y eu pas de rectification.

Cette orientation « nationale », si elle était personnelle, tenait compte de certaines idées exprimées dans mon entourage militant (un adhérent opposé à l’actuelle construction européenne et à notre participation aux élections européennes, un ancien électeur communiste donnait désormais sa voix au FN, un autre, dirigeant important de la CGT qui trouvait que nous défendions insuffisamment le caractère national les outils de défense, etc.) et qui me semblaient largement sous-estimées.

Lors de la préparation du [24e ?] Congrès, j’ai présenté, devant la conférence de section, une grande série d’amendements portant notamment sur la lutte des classes, sur la défense du bilan de l’Union soviétique et sur le rôle primordiale de la nation. Ils ont bien évidemment choqué nombre de camarades et n’ont pas été adopté… Toutefois, à ce moment-là, le Parti m’a laissé concrètement la possibilité de témoigner.

J’ai repoussé jusqu’au dernier moment la décision de fermer le CDH car c’était le dernier lien régulier entre camarades actifs de la cellule. En effet, depuis de trop nombreuses années, beaucoup de tâches de la cellule se faisaient par boîtes aux lettres interposées (notamment la collecte des cotisations). Au fil du temps, les réunions se sont espacées, les personnes présentes de moins en moins nombreuses et motivées. Les porte à porte, les bas de tour, les rencontres avec la population ont subi le même sort, surtout après le départ de Brutus.

Au niveau de ma cellule (comme dans beaucoup d’autres je crois), le désenchantement a gagné un grand nombre de militants. Les initiatives ont baissé en nombre et en qualité (en créativité et en pertinence notamment) pour arriver au quasi-néant.

Puisque je parle du Chemin-de-l’Ile je ne peux pas oublier l’activité militante, humaniste de Corentin. Toujours disponible, il enseignait et habitait dans le même quartier, ce qui n’était pas sans danger. Quand il assurait la vente du muguet en bas de sa tour, il était sûr de mesurer sa popularité !

Loin de considérer Nanterre comme un « îlot du socialisme », j’ai eu la sensation d’aborder un « territoire PCF » lors de mon arrivée dans la ville. Malgré le coup de massue de la rigueur socialiste engagée en 1983, la politique était pour beaucoup de militant et pour un nombre plus restreint de sympathisants, un enjeu majeur. La tension était palpable dans les bureaux de vote, les histoires d’affichage ou de tractage prenaient une dimension dramatique, la biographie politique des cadres importants de la mairie devait paraître correcte pour la base, etc.

La défaite du « socialisme réel » survenant après l’échec subi au niveau national après 1981 –il était vain de vouloir « changer la vie »– a achevé de faire voler en éclats ce « monde à part »…

V POUR NE PAS CONCLURE (LA CHUTE DE LA MAISON THOREZ)

Les raisons du déclin du PCF sont multiples, elles interagissent entre elles, se recoupent parfois.

L’énumération ci-dessous n’a pas vraiment d’ordre mais montre l’ampleur de les tâches de collecte, de décryptage, de classement et, peut-être, de restitution et de prise en compte.

1/ Evolution économique et sociologique

a) La fin des manufactures et de leurs prolétaires

- On assiste après les « trente glorieuses » et sous la pression du Marché commun, à un déclin du secteur industriel national, plus particulièrement dans des branches dites « traditionnelles » (charbonnages, sidérurgie, textile, etc.) frappant des régions entières et mettant des coup mortels à des pratiques de socialisation liées à ce type d’économie.

- En grande partie liée à cette désindustrialisation (appelée « décentralisation » puis « délocalisation »), la part de l’effectif ouvrier dans la population active diminue notablement.

- Ces deux phénomènes sont en partie responsables de la disparition progressive de la conscience de classe, voire du rejet du modèle ouvrier et même de l’émergence d’une attitude de « petits blancs ». Nous verrons après que d’autres facteurs ont été déterminants dans cette évolution.

- Une évolution comparable s’est produite avec la paysannerie du fait de la réduction massive des exploitations agricoles familiales.

b) l’individu au centre du monde mondialisé

- Depuis une quarantaine d’années environ, il y a un irrésistible phénomène de mise en concurrence –des individus jusqu’aux structures mondiales– pour la recherche du confort matériel maximal.

- Dans le même ordre d’idées, on repère dans les pays occidentaux, un fractionnement de plus en plus marqué de l’individu (correspondant à une segmentation accentuée des groupes d’individus) en fonction d’appartenances diverses (sexe, âge, type de loisir, religion, lieu d’habitation, etc.).

- Cette individualisation-segmentation est utilisée dans les entreprises : coexistence dans une même unité de travail de plusieurs statuts, flexibilité des horaires, salaires et primes « personnalisées », promotion de la culture d’entreprise, mise en concurrence des unités de production au sein d’une entreprise, etc.

- Auparavant, ces différents centres d’intérêts pour chaque individu existaient déjà, en plus atténués. Toutefois, ils étaient pris en charge par des structures-tampons proches du PCF (UFF, UJFR, FSGT, etc.) ou par des organisations internes spécifiques (Jeunesses communistes, UEC, etc.).

2/ Sur le plan idéologique

A l’intérieur du PCF, on a privilégié les courants « réformistes-libertaires » au détriment des « révolutionnaires-patriotes »… Ce tournant, baptisé à l’époque « mutation » se repère au plan intérieur :

- à l’abandon de la classe ouvrière,

- à l’adoption ambiguë de la notion de « dépassement du capitalisme »,

- au le rejet du centralisme démocratique basé sur une mauvaise application de ce mode de fonctionnement,

- etc.

Cette évolution est sensible dans notre façon d’appréhender le monde :

- acceptation progressive de la construction européenne capitaliste (du « non » au Traité de Maastricht à la mise en avant de mesures visant à « utiliser l’euro autrement ») ;

- réactions face aux guerres impérialistes, déclenchées par les autorités nord-américaines, du refus de l’opération « Tempête du désert » au lâchage des patriotes yougoslaves puis au soutien précipité et très appuyé de Robert Hue aux Etats-Unis après l’attentat contre le World trade center ;

- participation active à la criminalisation de la première expérience socialiste ;

- etc.

Mise à jour en mars 2020

 

Placide, j’étais en train d’engloutir avec Muzo (mon fils de 15 ans) une pizza des sympathiques copains

de la CGT Chimie, sur l’air jamais égalé du « Gambadou », quand mon rejeton (alias Muzo pour ceux qui sont déjà perdus) me déclara tout à trac « C’est Beauf-Land, ici ! ». Ma première réaction fut alors de boire une nouvelle gorgée de ma bière encore fraîche…

Sur le chemin du retour, dans le bus aussi bondé que brinquebalant, je traversais une banlieue improbable où des gens aussi improbables vaquaient à des occupations du même acabit.Placide et muzo a la fete de l huma

Ensuite, pour me rendre à la station du Châtelet, j’empruntais le métro d’Abidjan. Dans le compartiment, je remarquais cependant la présence de quelques colons européens.La plupart du temps, dans la vraie vie, les premiers de font que croiser les seconds, les derniers cités ne font que croiser les deuxièmes et apercevoir les premiers nommés. Bref, très (ou trop) souvent ces communautés s’ignorent mutuellement.

Dans les manifestations et les rassemblements à caractère social ou « patriotique » on ne retrouve essentiellement que les habitants de Beauf-Land (je le sais, j’habite ce pays et j’en suis originaire) qui, comble de malheur, semblent de moins en moins enclin à faire des petits…

Dans leur grande masse, les membres des autres catégories (les deuxièmes et les troisièmes cités pour ceux qui n’ont pas vu la flèche) semblent ignorer la défense des acquis sociaux, de la retraite, de l’assurance maladie, etc. qui, a priori, devrait concerner et mobiliser, d’une façon ou d’une autre, tous ceux qui traînent leurs guêtres sur le territoire usé de la « Grande nation »…

C’est vraiment désenchanté, ce que j’ai écrit. Il ne faudrait jamais écrire le lundi.

Nanterre, le 17 septembre 2018